+X projet Octobre
Exposition du 24 octobre au 30 novembre 2013
Vernissage jeudi 24 octobre 2013 à 19h
Rencontre samedi 26 octobre 2013 de 14h à 18h
Entrée libre du mercredi au samedi de 14h à 18h
« Le travail de Franck se situe dans l’interstice entre les arts plastiques et l’architecture, il se situe dans l’entre deux. Lorsque Franck est venu me présenter son travail pour me demander de collaborer avec lui, ces dessins ont tout de suite pris sens. Ils faisaient écho avec le travail de recherche que j’avais mené sur « l’entre deux » pour mon diplôme.
Son travail sur le repentir pour moi est tout de suite entré en résonance avec l’architecture radicale et l’architecture déconstructiviste. Ces dessins m’ont tout de suite évoqué la série de dessin appelés « Chamber Works », qualifiés de non architectures par Peter Eisenman. Cette série de dessins, mélangeant la ligne horizontale, verticale et oblique, trouve sa force dans les « meditation on the operations of history » de Jeffrey Kipnis.
Le mouvement déconstructiviste est apparu au début des années 1990, il s’oppose à la rationalité ordonnée du mouvement moderne. Il cherche à créer une rupture avec l’histoire, la société, le site et les traditions technologiques. Les architectes recherchent une opportunité de construire un espace autre, un espace formellement expressif, afin de révéler et non dissimuler. Autour du philosophe Jacques Derrida, certains architectes américains et européens, mettent en exergue l’activité théorique et la dimension conceptuelle du projet. L’architecture se libère du programme pour se donner comme l’exploration d’un langage, revendiquant la notion d’événement, de «disjonction» formelle et temporelle.
L’architecture déconstructiviste est une architecture de l’expérience tout comme le travail de Franck. La démarche de conception dans son travail joue un rôle très important. Ellefait partie du projet lui-même. Elle va guider dans le projet architectural afin de le définir, l’analyser, l’élaborer.
La démarche du projet d’architecture doit pouvoir s’appuyer sur des principes souples, dynamiques, multiples et évolutifs. Les dessins au crayon et à la règle de « + X projet Octobre », nous offre ce caractère indéfini et imprévisible sur lequel reposent en outre les principes de l’architecture radicale ouvrant la porte vers une architecture plus expérimentale.
Le travail de Franck sur le repentir en peinture est basé sur le concept d’erreur. Les œuvres de « + X projet Octobre » sont une expérimentation de son dessin avec les outils de l’architecte, révélant des lieux où la réalité fait place. Or, le mouvement radical a fait naître chez les architectes un regard plus critique sur l’architecture qu’il a produit, permettant à celle-ci d’évoluer en apprenant de ses erreurs. Ce qui s’explique par le fait que l’architecture radicale, dans son ensemble, envisage une culture du projet en perpétuelle instabilité.Cette notion d’erreur est centrale. Elle représente le dénominateur commun entre le repentir en peinture et certains mouvements architecturaux tels que le mouvement radical et le déconstructivisme en architecture
Le déconstructivisme repose sur une reconstruction interprétative de ce qui est jugé acquis en le donnant à voir sous un jour nouveau. Ainsi, le travail de Franck sous mon œil d’architecte illustre l’intérêt pour le processus comme acte dynamique qui libère le temps de la création de toutes contraintes matérielles au profit d’une démarche émotionnelle qui nous conduit au dessin, sans repentir, exploitant l’erreur comme un processus créatif.
Ces dessins exploités par l’architecte permettent de détacher l’architecture de tout programme puisqu’elle est générée par l’inconscient. Renouant avec l’écriture automatique des surréalistes, les dessins et donc l’architecture résultante, sont conçusselon un processus de « projections » au sens littéral, empreinte de l’esprit directement projetée sur le papier, qui anéantit toute l’histoire d’anticipation projectuelle de l’architecture.
Cette zone d’entre-deux, dans laquelle se situe le « + X projet Octobre », laisse le choix en suspend et inaugure une ère d’expérimentation constante. Cette caractéristique est la manifestation du caractère instable d’un contexte architectural qui confère une primauté nouvelle au processus de création. L’architecture expérimente des formes qui maintiennent sous tension l’instabilité : l’intérêt se déplace de l’objet architectural sur le processus lui-même.
C’est ce transfert d’intérêt pour le processus, la démarche du projet et la complémentarité théorie/pratique, qui nous a intéressés pour le « + X projet Octobre ». L’instabilité, l’erreur, l’expérimentation ont été des notions que nous avons exploitées et explorées au cours de cet échange.
Cette exposition n’est pas un point final à ce partenariat mais une étape dans ce « work in progress » qui marque le début d’un processus créatif et professionnel que Franck vient d’amorcer entre l’architecture et sa pratique artistique. »
Anissa RACHIDI (architecte Bordeaux)